Sur un site arboré, la gestion du bois est une thématique primordiale et très intéressante en termes de préservation de la biodiversité et de restauration de la fertilité des sols.

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En amont - Couper ou ne pas couper, telle est la question…

Tout d’abord, un rappel utile : on ne coupe pas systématiquement les arbres morts !

À titre personnel, j’envisage des élagages sévères et/ou coupes rases des sujets uniquement s’ils présentent un danger pour les personnes et infrastructures (risque de chute sur une route, habitation, lieu de passage/chemin,…), ou s’ils sont susceptibles de gêner le développement de la végétation environnante (dans une haie par exemple). Dans la mesure du possible, j’aime préserver les troncs morts sur une hauteur variable (entre 80 cm et 2 m) ; les insectes saproxylophages s’y installeront et creuseront des cavités qui feront par la suite office de nids à de nombreuses espèces d’oiseaux. Les troncs les plus hauts permettent aussi à certains rapaces de s’y poser pour une halte ou bénéficier d’un poste d’observation idéal avant de fondre sur leurs proies.

Par ailleurs, ce qui nous semble mort en surface continue d’être bien vivant sous le sol ; le réseau racinaire d’un arbre mort continue d’agir en symbiose et interdépendance avec celui de ses pairs bien verts. Parfois l’on a également la bonne surprise de voir un tronc sec reverdir soudainement, paré de toutes jeunes pousses fringantes après plusieurs années de dormance.

La preuve en image avec cet orme champêtre qui arbore une jolie crinière feuillue, une renaissance d’autant plus impressionnante quand on observe de près son tronc en piteux état :

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Sur le site où je mets en place des haies sèches, de nombreux arbres sont vieillissants ; leur sénescence induit la chute naturelle de vieilles branches que je récupère au fur et à mesure. Le stock de branches que je constitue sur une année est issu pour moitié de chutes naturelles de branches et pour l’autre moitié de coupe volontaire.

Au moment de passer à l’action et plus particulièrement si vous devez procéder à la coupe de sujets volumineux : pensez à votre sécurité, à la fois dans le maniement des outils de sciage / tronçonnage et dans l’appréciation des angles de coupe pour orienter la chute de l’arbre. Si vous êtes novices en la matière, faites appel à des personnes expérimentées pour vous aider et/ou vous former, et surtout munissez-vous de vêtements et accessoires de protection adéquats (chaussures de sécurité, gants anti-coupure,…).

Que faire du bois mort ?

1* Les gros segments (diamètre de 10 cm et plus) peuvent être débités en rondins et utilisés en bois de chauffage (si l’on ne dispose pas d’un poêle à bois au sein de son habitat, il est possible de le donner ou de le troquer) ; des segments courts et de large diamètre peuvent aussi servir de billots pour des activités de bricolage.

2* Les plus fins segments (branchages dont le diamètre est inférieur à 5 cm) peuvent être transformés en copeaux en utilisant un petit broyeur. Il s’agira d’une ressource fort utile au potager pour protéger et nourrir le sol, en le valorisant sous forme de paillage ou d’apport carboné dans la confection de supports de culture (lasagne, butte, …). Il est aussi possible de réaliser des petits tas de fagots de bois déposés à divers endroits sur le terrain, en guise d’abri de fortune pour la petite faune.

3* Restent les segments intermédiaires, à savoir les branches grossières dont le diamètre est compris entre 5 et 10 cm. La transformation en copeaux est également possible au moyen de plus gros broyeurs, mais ces derniers sont onéreux et relativement encombrants ; investir dans ce type de matériel peut être envisageable dans le cadre d’un usage fréquent, et dans ce cas il est intéressant de procéder à un achat groupé (avec des voisins ou encore un collectif associatif / professionnel). Pour une utilisation plus ponctuelle, je vous invite à vous renseigner auprès de votre municipalité ou communauté de communes ; certaines peuvent proposer des prestations de broyage à votre domicile.

Si vous n’avez pas la possibilité de broyer ces éléments et/ou que vous souhaitez les réemployer tels quels, une solution existe : la confection d’une haie sèche (également appelée “haie morte”, par opposition à la haie vive et ses sujets verdoyants). Cela consiste à délimiter au moyen de piquets verticaux un espace de longueur et largeur variables, qui sera comblé avec des branchages déposés horizontalement.

Avantages et fonctions d’une haie sèche

Le réemploi des branches grossières vous épargnera les frais et la pollution générés par le transport de ces matières en déchetterie. Tout l’intérêt d’une gestion intégrée au jardin réside dans la possibilité de réemployer et valoriser les déchets verts sur place ; c’est aussi un moyen de respecter le cycle naturel de dégradation des éléments et de restituer ainsi à la terre la matière organique issue des végétaux qu’elle a nourris et hébergés.

La création de cette bordure naturelle végétale de bois mort remplira plusieurs fonctions :